Bijlmerplein.
Le soleil brille comme prévu. Une vingtaine de degrés, ce
n'est pas si mal pour le 20 mars.
Je ferme mon laptop et me dirige vers la sortie.
Devant moi marchent des collègues dont une personne
singulière.
M. ING.
Vêtu d'un costume, il respire la confiance.
« M. ING », c'est le nom que je donne à ce type de
personnages.
Sans eux, la banque cesserait d'exister.
Imaginez que tous les employés soient comme ce M. ING.
Quelle serait l'ambiance ?
En effet, nous ne pouvons pas tous être des dirigeants.
Il faut qu'il ait des exécutants,
motivés, bien entendu.
Enfin, je quitte le bâtiment et j'erre un peu sans but.
Je constate donc
j'existe.
Je trouve alors ma place. J'embrasse la foule du regard,
mangeant des sandwichs, ayant emporté leur casse-croûte ou prenant un repas
chaud,
rechargeant leurs batteries, chacun à sa façon.
Observer les gens est un jeu amusant. Tout à coup, mon
oeil tombe sur un rideau fluorescent.
Il bouge et a la forme d'un être humain, d'un vieil
homme. Impossible de ne pas le remarquer mais tout le monde semble l'ignorer.
Tout à coup, il y a un scooter électrique à côté de lui
avec une personne de couleur en selle.
Ils se parlent s'aidant de leurs mains et de leurs pieds
et je le constate.
Je me demande si ce ne seraient pas des sans-abris. Ou
alors des artistes peut-être ?
Bah, je décide que ce sont des gens.
Paramaribo.
Les deux compères prennent congé l'un de l'autre et
l'homme de couleur se dirige vers moi sur son scooter pour s'arrêter devant
moi.
« Quel soleil, pas vrai ? », dit-il et il poursuit … «
Vous ne portez pas de veste, n'est-ce pas ? Avec mes muscles, je ne pourrais
pas. »
« Je suppose que vous êtes habitué à d'autres
températures ? »
L'homme me tend résolument la main et pendant que je la
serre entre les miennes, je comprends qu'il est heureux que je le comprenne.
« Il y a quelque temps, mon fils m'a offert un billet
pour Paramaribo.
Et vous savez quoi, mes douleurs aux muscles ont
disparu... »
Kentucky Fried Chicken.
Nous échangeons quelques mots lorsque soudain, son regard
se fixe par dessus mon épaule sur le Kentucky.
« Hé si vous me donnez quelque chose à manger, je serai
totalement satisfait… »
Je laisse sa remarque agir quelque peu sur moi…
« Je n'ai pas de sous ! » lui dis-je, ce qui est tout à
fait vrai, « mais notre contact spirituel était également très nourrissant,
vous ne pensez pas ? »
L'homme m'offre un large sourire et je dis au revoir à
une belle âme. Quelques secondes plus tard, je passe la porte du bureau.
Devant moi, je distingue les traits d'une personne, de M.
ING.
Il est de retour de sa pause.
Je n'ai jamais rencontré cet homme auparavant et là je le
croise deux fois !
Et entretemps, j'ai pu rencontrer d'autres personnes.
C'est beau, n'est-ce pas ?